Les différents sont des symboles ou signatures représentant un atelier (avec souvent un autre différent pour son directeur) ou un graveur. Ils sont apparus dès le Moyen-age afin de lutter contre les faux-monnayeurs et sont toujours présents sur les euros, bien qu'ils ne servent plus vraiment à les protéger de la contrefaçon. Grâce à ces différents, il est possible de savoir qui était le graveur de la pièce concernée et plus intéressant, savoir où elle a été frappée.
Trois événements majeurs à retenir :
Charles VI : apparition des points-secrets
François Ier : apparition après janvier 1540 des lettres d'atelier et des marques de leurs maîtres, en complément des points-secrets
Henri II : apparition des dates
Les points secrets Plus difficilement interprétables, il s'agit de "points" gravés sous la titulature (la légende) à une certaine position du point de départ représenté par une croisette, dans le sens des aiguilles d'une montre. Exemple ci-dessous avec la pièce Ecu d'or au soleil de François Ier.
A : croisette initiale pour compter les lettres B : point secret sous le 18e caractère en partant de la croisette (atelier Paris)
Les ateliers monétaires Facilement reconnaissables de par leurs représentations, il y a généralement la signature du graveur, la lettre de l'atelier ayant frappé la pièce ainsi que son directeur. Exemple ci-dessous avec la pièce 5 francs Union et Force.
A : graveur Augustin Dupré (A1 = Artémis tirant à l'arc / A2 = signature) B : directeur d'atelier G.-Godefroy Dubois (gerbe) C : atelier de la ville de Strasbourg (BB)
Les graveurs généraux dirigeaient le service de la gravure et la création des principaux instruments et outils monétaires pour la fabrication des monnaies et médailles. Cette fonction a été créée par Henri II, dès la première année de son règne, en 1547.
Graveur général
Période
Différent
Marc BECHOT
1547 - 1557
-
Claude DE HERY
1557 - 1582
-
Philippe DANFRIE (l'ancien)
1582 - 1590
-
Philippe DANFRIE (le jeune)
1590 - 1604
-
Philippe DANFRIE (l'ancien)
1604 - 1605
-
Nicolas BRIOT
1605 - 1625
-
Pierre REGNIER
1625 - 1630
-
Jean DARMAND
1630 - 1646
-
Jean WARIN
1646 - 1672
-
François WARIN
1672 - 1681
-
Joseph ROETTIERS
1682 - 1703
-
Norbert ROETTIERS
1704 - 1727
-
Joseph Charles ROETTIERS
1727 - 1753
-
Charles Norbert ROETTIERS
1753 - 1772
-
Joseph Charles ROETTIERS
1772 - 1774
-
Pierre-Simon-Benjamin DUVIVIER
1774 - 1791
-
Augustin DUPRE
An IV - An XI
Artémis tirant à l'arc
Pierre-Joseph TIOLIER
An XI - 11 septembre 1816
"TIOLER" cursif (Consultat) "TIOLIER" sous le buste (Empire) "T" cursif (Empire) "TIOLIER" sous le buste (Empire) Tête de cheval (Louis XVIII)
Nicolas-Pierre TIOLIER
11 septembre 1816 - 31 décembre 1842
Tête de cheval (Louis XVIII) "T" cursif (Charles X) "T" cursif (Charles X) "TIOLIER" sous le buste (Louis-Philippe) Etoile (Louis-Philippe)
Jacques-Jean BARRE
1 janvier 1843 - 14 février 1855
Tête de levrette
Désiré-Albert BARRE
27 février 1855 - 31 décembre 1878
Ancre
Charles MARCHAIS
4 octobre 1870 - Juin 1871
"M" dans une étoile à 6 pointes
Auguste BARRE
1878 - 1879
-
Jean-Auguste BARRE
1 janvier 1879 - 31 décembre 1879
Ancre barrée
Jean LAGRANGE
1880 - 1896
Faisceau
Henri-Auguste-Jules PATEY
1896 - 1930
Torche allumée
Lucien BAZOR
1931 - Octobre 1958
Aile
Raymond JOLY
Octobre 1958 - Avril 1974
Chouette
Emile ROUSSEAU
Avril 1974 - Février 1994
Dauphin
Pierre RODIER
3 février 1994 - 28 février 2001
Abeille
A partir du 1er mars 2001, la fonction de Graveur général est remplacée par le Chef du Service de la gravure.
Chef du Service de la gravure
Période
Différent
Gérard BUQUOY
1 mars 2001 - 31 décembre 2001
Fer à cheval
Serge LEVET
2002 - 2003
Coeur
Hubert LARIVIERE
2003 - 2010
Cor de chasse
Yves SAMPO
2011 -
Fleurette d'atelier
Auparavant plusieurs villes fabriquaient des monnaies dans leur propre atelier. Ces derniers étaient dirigés par un directeur qui faisait appliquer sur les coins son propre différent en plus de celui de l'atelier. Depuis 1880, il ne restera que l'atelier de Paris (différent "A"), puis l'atelier de Pessac à partir de 1973, à la régie de fabrication des espèces (corne d'abondance).
Sous Louis XIII Des ateliers provisoires ont fait leur apparition durant le règne de Louis XIII
Sous la Révolution française Pendant la période révolutionnaire, des ateliers provisoires ont fait leur apparition afin de faire face à la pénurie de monnaies : chacun avait un stock de métal de cloche confisqué à sa disposition, et pour chacune de leur frappe, la lettre monétaire conservait celle de l'Hôtel des monnaies le plus proche. La plupart de ces ateliers ont été fermés avant la fin 1792, seuls Besançon et Clermont-Ferrand restèrent ouverts jusqu'en 1794.
Les signes distinctifs sont présents sur les monnaies constitutionnelles et celles dites "aux balances".
Sur les monnaies royales de Louis XIV et de Louis XV, des réformations ont eu lieu afin d'économiser les coûts de refonte des anciennes monnaies pendant la période de dévalution de leur monnaie. En effet, le procédé consistait à frapper les nouveaux types monétaires directement sur les anciens sans avoir à utiliser des flans neufs, et un symbôle distinctif était gravé sur le flan de la pièce.
Période
Dates
Symbole
Louis XIV
1690 - 1693
Etoile à 5 rais
Louis XIV
1693 - 1700
Croissant
Louis XIV
1701 - 1703
Trèfle
Louis XIV
1704 - 1705
Coquillage
Louis XV
1715 - 1718
Rosette
Louis XV
1720 - 1723
Trèfle
A partir de 1716, et uniquement pour l'atelier de Paris dans un premier temps, une différenciation entre le premier et second semestre de frappe des monnaies a été mis en place. Cette différenciation s'est généralisée sous Louis XVI aux autres ateliers.