La fabrication des monnaies a très peu évoluée dans le temps ; seules les apparitions de nouvelles technologies vers la fin du 19e siècle a réellement permis d'optimiser le rendement de fabrication. Ci-dessous quelques techniques de fabrications connues.
Monnaie coulée
Monnaie couléeLe principe de la monnaie coulée était de verser du métal fondu dans un moule destiné à former la pièce. Elles sont identifiables de par leur petit appendice, représentant le canal par où le métal fondu a été déversé : la découpe qui s'en suivait était parfois trop proche de la monnaie qui était alors rognée, ou bien parfois trop éloignée laissant l'appendice bien visible. Comme cette pratique était facilement falsifiable, seules les monnaies en bronze, plomb ou potain étaient fabriquées ainsi.

Attention, ne pas confondre avec la monnaie fourrée qui est faite d'un métal quelconque, généralement pauvre, et plaquée d'or ou d'argent. Cette technique est utilisée par les faussaires (faux-monnayeurs).
Frappe au marteau
Frappe au marteauLa frappe au marteau était réalisée à partir de flans frappés avec un marteau. Cette technique engendrait parfois des tréflages (double frappe avec glissement du flan) ou encore des frappes incuses (empreinte d'une face apparaissant sur l'autre). Elle respectait le processus suivant :
Affinage : le lingot ou la plaque de métal était réduite à l'épaisseur voulue
Taille : les flans (futures monnaies) étaient découpés à la cisaille à même la plaque, générant des contours irréguliers
Ajustage : les flans étaient ensuite limés et/ou martelés afin de respecter les poids, diamètre et épaisseur ciblés
Frappe : un coin fixe permettait de poser le flan (donc froid), et un coin mobile par-dessus, tenu à la main, était frappé avec un marteau
Frappe au balancier
Frappe au balancierLa frappe au balancier a été inventée vers 1530 en Italie et fut introduite en France par Henri II (1547 – 1559), notamment à Paris au Moulin des Etuves. Elle n'a cessé d'être perfectionnée dans le temps, avec notamment la mise en place de la virole brisée (une bague mobile permettant d'immobiliser le flan lors de la frappe). Cette technique permettait un rendement de fabrication d'environ 30 pièces à la minute. Il utilisait trois machines distinctes, actionnées par la force hydraulique ou mécanique :
Laminoir : deux rouleaux actionnés par les roues d'un moulin (d'où son autre nom "frappe au moulin") modelaient des lames à la bonne épaisseur et de surface uniforme.
Découpoir : fonctionnant sur le même principe qu'un emporte-pièce, l'outil découpait dans les lames par simple pression à l'aide d'un levier ou d'un arbre-à-vis, des flans aux diamètres parfaits
Balancier : presse à percussion des flans, actionnée à l'aide de courroies attachées aux extrémités des deux bras d'acier terminés chacun par une boule de plomb
Frappe au levier
Frappe au levierLa frappe au levier a remplacé la frappe au balancier vers 1840 et est toujours utilisée actuellement, avec un continuel perfectionnement des machines notamment grâce à la vapeur puis l'électricité. Elle permit à ses débuts d'améliorer la production des frappes de presque par deux, jusqu'à atteindre un rendement de 800 pièces à la minute ! Actuellement, les différentes étapes sont quasiment intégralement automatisées :
Coulage : la matière première est fondue et coulée en lames et lingots
Laminage : les lames sont perfectionnées aux dimensions et qualités attendues
Découpage : les flans sont découpés à l'emporte-pièce dans une feuille de métal par un découpoir
Cuisson : les flans sont dégraissés, et recuits ou blanchis (suivant le métal)
Cordonnage : les bords des flans sont épaissis par écrasement afin de créer le cordon (futur listel) qui protégera les reliefs de la monnaie d'une usure prématurée
Brillantage : les flans sont rendus brillants
Contrôles : les flans sont vérifiés par caméra, puis frappés

Ci-dessous quelques exemples de caractéristiques de frappe.
 
AppendiceMonnaie coulée dont le ou les appendices n'ont pas été totalement découpés
 
Flan clipéMonnaie ayant été comme "mordue", avec un petit arc de cercle de matière manquante
 
Frappe décentréeMonnaie frappée alors que le flan et le poinçon n'était pas bien alignés
 
Monnaie fourréeMonnaie en matière pauvre recouverte d'une pellicule de matière plus riche
 
Frappe incuseMonnaie dont le motif de frappe apparait à l'envers sur l'autre face
 
Perforation décentréeMonnaie dont le trou prévu au centre est mal aligné sur le flan
 
Monnaie rognéeMonnaie dont les bords ont été rognés (découpés) pour récupérer de la matière riche
 
Stries d'ajustageMonnaie dont les flans ont été limés afin d'ajuster le rapport poids/valeur de la pièce
 
Monnaie tréfléeMonnaie dont les inscriptions sont légèrement dédoublées suite à une refrappe mal positionnée
Il est important de noter que les véritables doubles incuses sont très rares : elles ne concernent presque exclusivement que les monnaies Dupré sur la courte période (1788 à 1807) pendant laquelle sont tentées diverses alimentations automatiques des flans, généralement peu fiables. Il s'agissait de faux pour servir, fabriqués sur la base de rondelles de métal pressées et sans recuit, car seul le module faisait foi (les poids, diamètre et titre étaient rarement respectés, la tranche était presqu'exclusivement lisse, et l'axe des coins avers/revers non valide).Divers
  • Virole : anneau d'acier lisse (la "virole pleine") monté sur les balanciers, et permettant d'obtenir une pièce parfaitement ronde après la frappe. Auparavant, la tranche était marquée en faisant rouler la pièce par pression entre deux "tringles" inscrites (obtention d'une tranche en relief ou en creux) aussi appelées "viroles" : c'est la machine de Castaing.
  • Taille : nombre de flans à "tailler" dans une quatité de métal donnée ; un monnayeur devait par exemple tailler 40 pièces de 5 Francs de 25 gr. d'argent, dans un bloc de 1kg d'argent.
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