SommaireLes grecs et l'Empire romainLa Grèce Antique est le moteur de l'apparition de la monnaie en Europe : son système monnétaire est basé sur les tetradrachmes, drachmes et oboles ; avec comme métaux principaux l'or, l'argent et le bronze. Au Vème siècle avant J.-C., la Gaule celtique adopte la monnaie, plus par fascination des civilisations grecques ou perses, que dans le but de l'utiliser comme moyen de paiement au quotidien. Les monnaies gauloises ressemblent d'ailleurs beaucoup aux drachmes et stratères grecques.
A partir du IIIème siècle avant J.-C., Rome impose sa puissance en Europe et dès la fin de la conquète romaine (52 avant J.-C.), les différents empereurs imposeront leur monnaie en Gaule comme dans tout l'Empire romain. Les Aureus (monnaie en or), deniers d'argent et sesterces seront les monnaies de référence dans toute l'Europe. Elles seront adoptées par les différents peuples barbares qui se succèderont pendant plusieurs siècles.
L'apparition du Solidus remplacera l'Aureus, et une nouvelle monnaie sera créée : le trémissis ou tiers de sous. Ces monnaies seront massivement reprises par les mérovingiens.
Mérovingiens, Carolingiens et CapétiensL'utilisation du Sou (solidus) et Triens (Tiers de sou) est compromise durant la période mérovingienne car l'or se fait plus rare, mais aussi plus cher suite à la chute de l'Afrique byzantine et la prise de Carthage. Les Deniers d'argent font alors leurs apparitions, en complément des Sceattas, monnaies anglo-saxonnes et frisonnes des peuples de la mer du Nord.
Les rois Mérovingiens ne parviennent pas à imposer leurs monnaies, et c'est Charlemagne en 781 qui unifie le système monétaire afin de permettre la facilitation et le développement des échanges commerciaux en Europe. Un nouveau Denier en argent et système monétaire font leur apparition et durera jusqu'à la Révolution Française (1 livre = 20 sous et 240 deniers). L'or est abandonné au profit exclusif de l'argent, plus accessible pour faciliter l'économie et les échanges.
Mais l'empire Carolingien s'effondre dès le IXème siècle, laissant le Royaume s'entre-déchirer au profit de pouvoirs féodaux locaux. Chaque seigneurie frappera ses propres monnaies pour afficher leur puissance, ce qui engendrera un désordre monétaire pour de nombreux siècles.
Au XIème siècle, Hugues Capet unit le Royaume et y remet de l'ordre : il impose son effigie à toutes les pièces de monnaie. Ses successeurs (Louis le Gros, Louis VII, Philippe Auguste puis Saint Louis) imposeront peu à peu la monnaie royale.
Jean IIDepuis 1337, la France est en guerre contre l'Angleterre pour la conquète de plusieurs provinces, créant effondrement économique et troubles civils. Le Prince Noir (Prince de Galles, fils du Roi d'Angleterre Edouard III) mène une campagne dévastatrice en Languedoc en 1355. Le roi Jean le Bon convoque ces Etats Généraux pour créer une meilleure monnaie grâce au financement de son armée, mais celui-ci est fait prisonnier près de Poitiers le 18 septembre 1356 et est détenu à Londres. Son fils Charles (futur Charles V le Sage) assure la régence et poursuit la guerre. Mais l'armée anglaise débarque à Calais et l'arrêt de la guerre devient alors indispensable : le traité de Brétigny (dit également Traité de Calais) est conlu entre plénipotentiaires du roi Edouard III d'Angleterre et de Charles, fils du roi Jean le bon. Il sera ratifié par les deux rois le 24 octobre 1360, permettant de libérer le roi Jean le bon de quatre années captivité à Londres, via le paiement d'une rançon fixée à 3 millions d'écus d'or (12,5 tonnes d'or). Cette trève ne durera que neuf ans, avant que le nouveau roi de France Charles V rompt ce Traité fin 1368, et que le conflit reprend avec la Bataille de Mondalazac en janvier 1369.
Suite à un premier versement en écus, le roi arrive à Calais le 25 octobre en laissant à Londres des otages dont son frère et ses trois fils. Le versement est couvert par le mariage de sa fille Isabelle avec le fils de Galéas, potentat de Milan, Jean Visconti.
Sur le chemin de Paris, Jean le Bon signa trois ordonnances fiscales et monétaires le 5 décembre 1360 à Compiène. Il leva l'impôt direct sur chaque foyer, les deniers d'argent sont renforcés et une nouvelle pièce d'or est créée : le
Franc à cheval. Ce franc sera taillé à raison de 63 pièces dans un marc (244,755 gr.) d'or fin (24 carats) donnant à la pièce un poids de 3,885 gr. Il équivaut à 20 Sous Tournois, c'est-à-dire 1 Livre Tournois, l'unité de compte.
Le franc à cheval
La raison exacte du mot "Franc" est méconnue, et les ordonnances du roi n'en donnent pas explication. Il semble qu'il vient du fait que le roi étant "franc", c'est-à-dire libre : armé, il caracole, l'épée à la main. Une autre raison possible est la comparaison avec le Noble, pièce d'or royale anglaise ("franc" = noble). Le franc fait sensation immédiatement parce qu'il est en or fin, et que la monnaie réelle et la monnaie de compte se trouvent maintenant confondues : on retiendra que le franc vaut 20 Sous.
Le Franc est reconnu comme la monnaie du Roi libéré, de la paix rétablie, du retour à la "bonne monnaie" forte et stable, réalisée sous le gouvernement d'un roi Sage et "bien entouré" : Charles V. Elle est ainsi instaurée dans tout le royaume, mais de par sa lente mise en circulation, l'utilisation de certaines anciennes espèces reste encore tolérée (premières pièces émises à partir de février 1361).
Charles VCharles V devenu Roi en 1363, fit frapper un Franc à son nom en avril 1365 : le denier d'or aux fleurs de lys. Ce Franc appelé par les usagers
Franc à Pied, représente le roi en armure, debout sous un dais gothique. Il a le même poids et le même métal, c'est-à-dire 3,885 gr. en or fin. Pour compléter le système monétaire simple, le blanc "au K" (initiale de Karolus) valant 5 Deniers, un Denier Parisis, un Double, un Denier Tournois et une Obole Tournois (plus tardive vers 1373) apparaissent. Moins de dix pièces donc, offrant et démontrant ainsi une forte stabilité pour cette monnaie.
Le franc à pied
Charles VIMais le Franc disparait sous le règne de Charles VI, qui le remplace par l'
écu d'or à la couronne. La reprise de la guerre de Cent-Ans réaggrave la situation notamment avec la défaite d'Azincourt en 1415. Quatre autorités frappent alors concurremment la monnaie : le Roi de France, le Roi d'Angleterre (notamment à Caen), le Duc de Bourgogne et le Dauphin réfugié à Bourges.
L'écu d'or à la couronne
Charles VIICharles VII, grâce à Jeanne d'Arc, restaure l'autorité politique et monnétaire, et fit refrapper en 1437 le
Franc à Cheval (en plus léger : 3,06 gr. d'or) afin de revenir à la "bonne monnaie". Malheureusement il disparaît à nouveau face à l'écu d'or, et ne réapparaîtra pas avant 150 ans.
Henri IIISous le règne d'Henri III en 1573, un Franc d'argent (appelé
Franc Blanc, au poids de 14,18 gr., à 833‰ d'argent et valant toujours 20 sous) est frappé, aussi dans le but de faire correspondre la monnaie réelle et la monnaie de compte. Mais en 1586, la frappe est interrompue et interdite suite à une usure trop importante de la pièce. L'écu d'or au soleil (3 livres) le remplaca et seules les divisions du Francs (demi-franc et quart de franc) subsitèrent. Elles sont toutefois peu utilisées sous le règne d'Henri IV, qui fait émettre un Franc d'argent de 21 Sous et 4 Deniers.
Le franc blanc
Louis XIIISous le règne de Louis XIII, le 5 décembre 1614, des demi-francs et des quarts de francs, respectivement de 7,094 gr. et 3,54 gr. d'argent à 833‰ sont émis. Le fameux
Louis d'or est quant à lui créé en 1641. Mais le 23 décembre 1641, Louis XIII supprime tous les Francs et il ne subsiste que les écus et les louis ; le liard en cuivre est réintroduit. Il faudra attendre la Révolution Française, presque deux siècles plus tard, pour voir à nouveau notre fameux Franc.
Le louis d'or
La Révolution FrançaiseAvec l'abandon de la royauté dès 1789 et à partir de 1792, la Constitution et la Convention modifient les monnaies à l'effigie de louis XVI au profit des Ecus et Sols aux Balances et au Génie. De plus, avec la diffusion des assignats et leur sur-émission et manque de garantie, des monnaies de confiances sont apparues à partir de 1796. Pour stabiliser le système monétaire, la Convention relance l'émission du Franc, avec un poids fixe et système décimal pour ses subdivisions (tout d'abord en décimes puis en centimes).
L'écu de 6 livres - Le 5 décimes
Napoléon IerLa Banque De France est créée en 1800. Napoléon introduit les pièces de 20 et 40 francs or et leurs subdivisions en argent et en bronze, qui tiendront face aux diverses crises, la Restauration et les révolutions jusqu'à la première guerre mondiale : le
franc germinal (également appelé le franc or).
5 Francs Napoléon Empereur
Le Franc au XXème siècleEn 1924, c'est dans un contexte d'effondrement général de l'économie que Poincaré met fin au franc Germinal et le dévalue pour revenir à l'étalon-or ; mais en vain. Léon Blum est alors obligé de dévaluer à nouveau le franc en 1936, sa valeur ne cessera pas de chuter jusqu'à la seconde guerre mondiale.
En 1958, de nombreux problèmes apparaissent face à un régime moribond et impuissant : une guerre civile menaçante, la guerre d'Algérie, une économie en lambeaux. Afin de restaurer la confiance dans l'avenir et retrouver la fierté du pays, un
nouveau franc est créé à Pinay, par le Général de Gaulle, plus lourd, symbolisant les Trente Glorieuses : la valeur monétaire est divisée par 100 (10.000F = 100NF).
La 100 francs Cochet (ancien franc) - La 1 franc Semeuse (nouveau franc)
La monnaie européenneIl sera décidé le 1er janvier 1999 de remplacer le Franc par une nouvelle monnaie prévue pour les pays Européens (traité de Maastricht en 1991) : l'
Euro. Cette nouvelle monnaie est effective depuis le premier juillet 2002. Afin de conserver une homogénéisation du système monétaire européen, l'avers de chaque monnaie est identique pour tous les pays utilisant cette monnaie ; seul le revers est spécifique à chacun d'entre eux.
La 2 euro France